Burn-out : pourquoi l’épuisement psychologique est devenu la 1ère cause des arrêts de travail de longue durée ?

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Burn-out : pourquoi l’épuisement psychologique est devenu la 1ère cause des arrêts de travail de longue durée ?

L'épuisement psychologique, également connu sous le nom de burn-out, est devenu l'une des principales causes des arrêts de travail.  Au fil des années, cette problématique a gagné en importance et en reconnaissance en raison de son impact dévastateur sur la santé mentale et le bien-être des individus. Cadre Averti revient sur ce phénomène inquiétant qui en dit long sur les conditions de travail. 

Burn-out : la cause majeure des arrêts de travail de longue durée 

Le concept de burn-out a été initialement introduit par le psychologue américain Herbert J. Freudenberger dans les années 1970. Il décrit un état d'épuisement physique, émotionnel et mental résultant d'un stress chronique lié au travail. Le burn-out n'est pas simplement le résultat d'une fatigue passagère, mais plutôt d'une exposition prolongée à des niveaux élevés de stress professionnel.

Au fil des années, les études et les recherches ont mis en évidence la prévalence croissante du burn-out dans divers secteurs d'activité, touchant des professionnels de tous les niveaux et de tous les domaines. Cette problématique est devenue une préoccupation majeure pour les employeurs, les syndicats et les professionnels de la santé. 

Selon les chiffres du Datascope 2022, l’observatoire de l’absentéisme, les facteurs psychologiques, et en particulier l’épuisement professionnel, sont désormais responsables de 22 % des arrêts de travail de longue durée. C’est 4 points de plus qu’en 2019 et c’est la première raison qui motive les arrêts de longue durée. Les experts y voient notamment l’effet d’une porosité accrue entre vie personnelle et professionnelle : avec la généralisation du télétravail et l’omniprésence des smartphones, de nombreux salariés se retrouvent en stress continu. Ce constat vaut a fortiori pour les cadres dont l’absentéisme a bondi de 41% entre 2019 et 2022.

Burn-out : une atteinte à la santé physique et mentale 

Le burn-out a des conséquences néfastes sur la santé des salariés. Les symptômes physiques courants incluent la fatigue chronique, les troubles du sommeil, les maux de tête, les problèmes digestifs et les douleurs musculaires. Sur le plan mental, les travailleurs épuisés éprouvent de l'anxiété, de la dépression, de l'irritabilité, des troubles de la concentration et une diminution de l'estime de soi. L'épuisement chronique peut également augmenter le risque de développer des maladies cardiovasculaires, des troubles métaboliques et affaiblir le système immunitaire.

Burn-out : les entreprises sont-elles entièrement responsables ?  

L'épuisement psychologique est devenu la première cause des arrêts de travail de longue durée en raison de plusieurs facteurs sociétaux et professionnels. En effet, le burn-out est une problématique complexe et multifactorielle, et il serait réducteur de soutenir que les entreprises sont entièrement responsables de cette situation. Toutefois, les pratiques organisationnelles et le climat de travail peuvent contribuer significativement au développement de burn-out chez les salariés. Ces derniers sont soumis à une pression croissante pour performer dans leur vie professionnelle, tandis que les avancées technologiques ont créé une culture de disponibilité constante et de surcharge d'informations.

Les cadres sont confrontés à des demandes de plus en plus élevées, des délais serrés et des attentes démesurées, ce qui peut entraîner un stress chronique et une diminution de la résilience mentale. De plus, l'absence d'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, avec des heures de travail excessives et une difficulté à se déconnecter, contribue à l'épuisement psychologique. Dans certaines entreprises, un environnement de travail toxique, caractérisé par des relations difficiles, un manque de soutien et une culture de surmenage, exacerbe également les difficultés. 

Burn-out : comment engager la responsabilité de son entreprise ? 

Il est essentiel que les entreprises reconnaissent leur responsabilité dans la prévention du burn-out et mettent en œuvre des mesures concrètes pour favoriser un environnement de travail sain et soutenant des actions de prévention. A défaut d’avoir mis en oeuvre les mesures nécessaires elles engagent leur responsabilité. En effet, une obligation générale de sécurité incombe à l’employeur (article L. 4121-1 du Code du travail). Il lui revient d’évaluer les risques, y compris psychosociaux, et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés.

Si le burn-out ne figure pas sur la liste des maladies professionnelles, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas le faire reconnaitre. Le salarié qui est victime d’épuisement psychologique peut en effet obtenir la reconnaissance d’une maladie professionnelle  « hors tableau», à condition de fournir les preuves d’un lien déterminant et direct entre l’exercice de son emploi et la maladie dont il souffre. Cela peut inclure des dossiers médicaux, des témoignages de collègues ou tout autre élément qui démontre que la dégradation de l’état de santé est lié à l’activité professionnelle.

Burn-out : les arrêts de travail prescrits en visio sont-ils toujours remboursés ? 

Oui, les arrêts de travail prescrits en visio sont  toujours remboursés ! Alors que plus de 6 millions de français n’ont pas de médecin traitant et qu’il est de plus en plus difficile de consulter un spécialiste, la mesure de non-remboursement envisagée par le gouvernement aurait été trop injuste ainsi que l’a relevé le Conseil Constitutionnel. Fin 2022, prétextant une explosion des arrêts maladies accordés en télé-consultation, le gouvernement prévoyait de conditionner le versement d’indemnités journalières seulement si l’incapacité physique avait été constatée par le médecin traitant de l’assuré ou par un médecin ayant déjà reçu l’assuré en consultation depuis moins d’un an. La même restriction devait s’appliquer aux arrêts de travail prescrits en raison d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle. Dans un arrêt du 20 décembre 2022, le Conseil constitutionnel a censuré la disposition qui devait entrer en oeuvre en 2023.

En effet, les Sages constatent que « les dispositions contestées peuvent avoir pour effet de priver l'assuré social ayant eu recours à la téléconsultation du versement des indemnités journalières alors même qu'un médecin a constaté son incapacité physique de continuer ou de reprendre le travail ». En définitive, le salarié peut valablement produire un arrêt de travail délivré en téléconsultation.

 

Aux termes du Préambule de la Constitution de 1946, la Nation « garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence ». 


À propos de Cadre Averti

Conçu par Françoise de Saint Sernin, avocate spécialisée dans la défense des intérêts des cadres et dirigeants au sein du cabinet saintsernin-avocats.fr, Cadre Averti a pour ambition de répondre aux premières interrogations de salariés confrontés à un aléa de carrière. Ce site propose ainsi un grand nombre de fiches techniques permettant immédiatement de comprendre les enjeux d’un dossier et de se repérer dans le maquis des textes.

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