L’intérêt de la retraite progressive à 60 ans, surtout pour le salarié déjà à temps partiel
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La retraite progressive n’est pas une nouveauté. Elle a été instaurée par l’accord professionnel relatif à l’emploi des seniors du 14 novembre 2024, mais elle n’était ouverte qu’aux salarié se trouvant à moins de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite, soit entre 61 et 62 ans et elle n’a rencontré que très peu de succès.
Il a donc été décidé d’abaisser, à partir du 1er septembre 2025, l’âge d’accès à la retraite progressive à 60 ans pour l’ensemble des salariés du secteur privé, du secteur public, des non-salariés agricoles ainsi que pour les professions libérales et les avocats.
Une transition progressive entre activité et retraite
La retraite progressive permet, à condition de justifier d’au moins 150 trimestres de cotisation retraite (37,5 années), de cumuler, à partir de 60 ans, un revenu d’activité à temps partiel avec une fraction de sa pension de retraite.
- L’activité doit représenter 40 % à 80 % d’un temps plein.
- La pension est versée au prorata du temps de travail non effectué (par exemple, un salarié travaillant à 60 % perçoit 40 % de sa retraite en complément de son salaire).
C’est un mécanisme de sécurisation des revenus, qui permet d’alléger son activité sans sacrifier brutalement son niveau de vie.
Demander la retraite progressive : des conditions différentes selon le profil du salarié
- Le salarié déjà à temps partiel :
Il a tout intérêt à demander la retraite progressive. Il n’a pas besoin de l’accord de l’employeur. Le dispositif constitue pour lui un supplément automatique de rémunération, proportionnel à son temps de travail.
- Le salarié à temps plein :
Il doit demander à passer à temps partiel. L’employeur n’est pas tenu d’accepter et dispose de deux mois pour répondre, par lettre recommandée avec accusé de réception motivée.
Refuser est possible si l’employeur estime que la charge de travail et l’importance du poste ne permettent pas l’exercice à temps partiel. Mais attention, il ne doit y avoir de discrimination. Si un salarié se voit refuser un temps partiel alors que d’autres, dans une situation comparable, l’ont obtenu, il peut invoquer une inégalité de traitement.
Ce risque rend la démarche plus délicate pour les cadres à hautes responsabilités, qui peuvent craindre une mise à l’écart ou une perte de prérogatives.
Les démarches pratiques et le contrôle annuel
- Le dossier doit être adressé à la caisse régionale de retraite au moins 5 mois avant la date de mise en place souhaitée.
- La retraite progressive n’est pas rétroactive : le versement démarre à compter de la date fixée par la caisse, sous réserve que les conditions soient réunies.
- Un contrôle annuel est effectué chaque 1er juillet :
- Pour les salariés, en fonction du temps de travail réellement effectué.
- Pour les professions libérales et indépendants, en fonction de leurs revenus d’activité.
Si les conditions ne sont plus respectées (par exemple, passage en-dessous de 40 % d’un temps plein), la retraite progressive est suspendue.
Les droits à la retraite : poursuite des cotisations et optimisation possible
- Les cotisations retraite sont versées au prorata du salaire à temps partiel (ou des revenus pour les indépendants). Le salarié continue donc d’acquérir des trimestres mais avec une réduction de ses droits futurs du fait de la minoration de son salaire en fonction du pourcentage de temps partiel.
- Les salariés peuvent toutefois bénéficier, si l’employeur l’accepte, d’une surcotisation vieillesse sur la base d’un temps plein.
Avantage : le salarié cumule à la fois un revenu immédiat supérieur (salaire partiel + fraction de pension) et une pension future optimisée, car ses droits sont maintenus comme s’il travaillait à temps plein.
La première étape indispensable
Avant toute décision, le salarié ou le professionnel libéral doit identifier le montant de pension qui serait versé en retraite progressive. Une simulation auprès de la caisse de retraite ou d’un conseiller est incontournable pour mesurer l’impact réel sur son revenu global.
Conclusion
La retraite progressive à 60 ans constitue un outil attractif, particulièrement pour les salariés déjà à temps partiel et pour les professions libérales. Elle offre une transition sécurisée et progressive vers la retraite définitive.
Pour les salariés à temps plein, la décision reste plus sensible, car elle suppose l’accord de l’employeur et peut provoquer une mise à l’écart. Dans tous les cas, il s’agit d’un levier stratégique de fin de carrière qu’il convient d’anticiper et de sécuriser juridiquement.